Huzur Maharaj, un grand maître Naqshbandi

Maulana Fazal Ahmed Khan Sahib Kuddusuruh Naqshbandia était le dernier saint musulman de son ordre. Également connu sous le nom d’Huzur Maharaj et souvent désigné par le titre honorifique « Maulana », il fut un enseignant soufi indien considéré comme un saint par ses disciples. Il résidait dans le village de Raipur, et exerçait la fonction de mudarris (professeur) au sein d’une maktab (école/madarsa) dirigée par une masjid (mosquée). Huzur Maharaj fut également un grand fakir (Mahatma) doté de facultés dépassant largement le credo étroit des castes, croyances, langues, sectes etc.

Un pouvoir de transmission directe

Shri Lalaji Maharaj avait loué une chambre pour ses études et vivait à proximité de la masjid où se trouvait Maulana Sahib. Lorsqu’il allait et revenait de l’école, il avait pour habitude de présenter ses respects à Maulana Sahbi. Progressivement, cette sympathie se mua en affection réciproque. Un jour d’hiver alors qu’il pleuvait et que soufflait un vent froid, Maulana Sahib était assis devant un feu; Lalaji Maharaj, alors qu’il rentrait tard d’une visite familiale et que ses vêtements étaient trempés, prit néanmoins la peine de présenter comme à l’accoutumée ses hommages à Maulana Sahib, qui en retour lui offrit des vêtements secs et lui proposa de se réchauffer auprès du feu. Lorsque Lalaji revint pour s’asseoir devant la cheminée, Maulana Sahib le recouvrit de sa couverture en lui enjoignant de se réchauffer.

Lalaji Maharaj écrivit qu’au moment où Maulana Sahib le recouvrait de sa couverture, il expérimenta une transformation totale et ressentit l’univers entier tourbillonner. Au bout d’un moment Maulana Sahib lui dit – « Fils, maintenant pars te coucher. Lorsque tu reviendras demain, amène moi un seau et une corde. » Cette nuit-là durant son sommeil Lalaji Maharaj fit un rêve dans lequel Maulana Sahib le présentait à une grande personnalité assise sur une plate-forme de bois, entouré d’une aura lumineuse.

Le jour suivant Lalaji Maharaj prépara un seau et une corde ; il remplit le seau d’eau et le présenta à Maulana Sahib. Lorsqu’il lui raconta son rêve, Maulana Sahib lui expliqua que ce n’était pas un rêve mais la réalité. Il ajouta « Tu es Siddha (doté de pouvoirs surnaturels) et accompli depuis le jour de ta naissance. Donne la lumière au monde. »

Le soufisme comme voie spirituelle délivrée des croyances

Les sufis n’appartiennent à aucune caste, croyance ou religion particulières ; ils appartiennent à l’humanité entière. Le soufisme et le Santmat ont constitué deux courants respectivement liés à l’islam et à l’hindouisme, présentant les mêmes principes de base et s’opposant aux traditions superficielles nées dans leurs lignées. Ce fut donc tout naturellement que certains individus éveillés réalisèrent la futilité de ces divisions.

Ce récit de la vie de Mahatma Ramchandraji of Fatehgarh (Shri. Laalaaji Maharaj) met en lumière cet aspect, de la manière la plus directe possible :   Mahatma Ramchandraji, qui fut le premier soufi hindou légitime et reconnu, exprima à un moment de sa vie le désir de se convertir à l’Islam, religion de son maître spirituel Maulana Fazl Ahmad Khan (Huzur Maharaj), mais son maître rejeta immédiatement cette idée, affirmant qu’en chaque être humain le flot de spiritualité circule de la même manière et que seules les manières de vivre diffèrent.

La religion dépend de la société et des circonstances dans lesquelles naît l’individu mais l’âme est la même pour tous. La voie spirituelle concerne l’âme, qui identique en chacun, n’exige donc aucune religion particulière de la part de ses adeptes

Huzur Maharaj et la lignée Naqshbandi

Huzur Maharaj était sixième dans la ligne de succession de Mirza Zanzana au sein de l’ordre Naqshbandi. De par sa sensibilité propre et son approche libérale, il rendit la pratique du soufisme particulièrement simple. Il fut à même d’offrir l’inestimable connaissance spirituelle de l’ordre naqshbandi à tous, incluant des non-musulmans, sans conversion ni nécessité d’accepter l’Islam. Il distinguait la religion (la forme extérieure ou matérielle de la religion) de la spiritualité, et considérait que pour atteindre la spiritualité la religion (du disciple) n’était pas un obstacle.

Le père d’Huzur Maharaj était Shaikh Gulam Hussain, lui-même maître au sein de l’ordre du Grand Saint Sufi Maulana Waliuddin du Cachemire. Sa mère était également une initiée de l’ordre Sufi Naqshbandi. Les parents de Huzur Maharaj étaient de grands saints et des êtres humains accomplis. C’est donc sans surprise qu’une personnalité comme Maulana Fazl Ahmad Khan naquit au sein de leur famille, qui inaugura une nouvelle ère d’harmonie religieuse et communautaire.

Huzur Maharaj passa la plus grande partie de sa vie à Raipur, sauf durant quelques années lorsqu’il officia à Farrukhabad. Il vivait une vie très simple et pieuse. C’était un homme de cœur qui n’avait de préjugés à l’encontre d’aucune religion ou caste. Les individus de toutes classes, et appartenant à toutes les religions incluant des hindous, des musulmans et des chrétiens lui rendaient visite.

Au-delà des religions, le respect des traditions

Huzur Maharaj fut un des premiers à enseigner les pratiques spirituelles et le mode de vie soufis parmi les hindous, sans aucune discrimination. Il était totalement libre de préjugés religieux, ne participait jamais aux débats ou disputes tournant autour des religions et s’abstenait de critiquer l’une d’entre elles. Si quelqu’un s’adonnait à ce genre de critique devant lui, il quittait simplement les lieux. Il affirmait que, bien que les religions soient nombreuses, leur essence demeurait unique pour qui veut atteindre la spiritualité.

Si l’individu doit suivre les commandements de sa religion, il ne doit jamais être guidé par les préjugés religieux. Les rituels sociaux ou religieux ne conditionnent pas la vie spirituelle. Si un hindou exprimait l’idée de se convertir à l’Islam, cela dérangeait Huzur Maharaj. Il rejetait complètement l’idée de conversion. Il affirmait que chacun devait observer la discipline de sa religion. Parmi les nombreux disciples qu’il accepta, il fit de Mahatma Ram Chandraji son successeur. Il s’agit là d’un exemple unique d’un Sufi musulman confiant l’intégralité de son trésor spirituel à un hindou ; sans aucune conversion.

Huzur Maharaj, le service envers les disciples et le monde

Huzur Maharaj n’acceptait aucune offrande et ne permettait à personne de toucher ses pieds. Au contraire il s’occupait le plus souvent lui-même de ses disciples et de leurs besoins. Il arrivait souvent que sa famille vive avec peu de nourriture, voir aucune; même si dans ces moments il recevait de l’argent de la part de quelqu’un, il le distribuait immédiatement à d’autres. Huzur Maharaj avait une étrange habitude : même lorsqu’il avait de l’argent en sa possession, il en empruntait. Un jour, un des satsangis lui demanda la raison à cela. Huzur Maharaj lui répondit: « en agissant ainsi, non seulement je reste reconnaissant à la personne auprès de laquelle j’ai obtenu ce prêt, mais cela m’évite également de m’enorgueillir du fait de n’être débiteur de personne… »

Huzur Maharaj passa l’essentiel de sa vie en méditation. Il rejoignit sa demeure céleste le 30 novembre 1907. Son mausolée se trouve à Raipur.

Source : http://srpmf.in/great-grand-master/

Traduction de Michael Guerin


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