La récente interdiction du drapeau breton sur la mairie de Nantes est l’occasion de relancer un débat politique, non seulement sur l’identité régionale bretonne, mais aussi sur la place des régions dans la construction nationale et européenne. En empêchant de hisser le Gwenn ha Du, emblème de la Bretagne, les tribunaux administratifs – et l’anonyme « requérant » à l’origine de la procédure de retrait – mettent en lumière un jacobinisme qui continue de nier les réalités historiques de notre société, et l’échec d’une centralisation qui ne peut que faire obstacle à la construction d’un bloc européen.
La Bretagne et ses symboles : une richesse nationale et européenne
Le drapeau breton, Gwenn ha Du, représente bien plus qu’une région française : il est un symbole de l’histoire, de la culture et de l’identité bretonne. Arboré fièrement par des Bretons de tous horizons, il est aussi un rappel de la richesse culturelle et identitaire qui caractérise l’Europe. Si en effet la Bretagne contribue pleinement à l’identité nationale française, elle apporte également une spécificité culturelle à l’ensemble européen à l’instar des autres régions du continent, depuis les pays basques à la Transylvanie en passant par la Bavière. Le drapeau breton n’est donc pas un signe de séparation, mais un vecteur d’union, qui témoigne de l’histoire et des origines communes des peuples européens.
Ainsi, cette diversité régionale et culturelle, loin d’affaiblir la nation, enrichit l’identité française. Elle témoigne du rôle historique et culturel des régions dans la construction nationale, chacune participant à former une mosaïque culturelle unique au sein de la France et de l’Europe. En tant que symbole régional, le drapeau breton a toute sa place sur la Mairie de Nantes
Retrait du drapeau breton: une manifestation de jacobinisme dépassé
Cependant, en interdisant l’utilisation du drapeau breton sur un bâtiment public, la mairie de Nantes réactive des réflexes jacobins qui semblent aujourd’hui inadaptés et décalés. Le jacobinisme, idéologie fondée sur une centralisation extrême et un rejet des particularismes régionaux, trouve son origine dans la Révolution française. Dès sa naissance à l’occasion de la Révolution Française naissante, son objectif était d’effacer toute forme d’identité régionale pour bâtir une « République » unitaire, fondée sur des principes qui ne sont pas sans faire songer au socialisme le plus dévastateur.
Ce modèle paraît aujourd’hui résolument obsolète : en perpétuant ce type de politique, on nie non seulement l’identité régionale, mais aussi les valeurs démocratiques d’une société française qui, en vue de bénéficier d’une administration optimale et d’assurer la protection de son patrimoine culturel, ne peut que reposer sur une décentralisation réelle et efficace
Refuser un symbole tel que le drapeau breton au nom de l’unité nationale risque de provoquer l’effet inverse, en suscitant frustrations et incompréhension parmi les habitants de Bretagne et ceux attachés à leurs régions d’origine. La montée des revendications indépendantistes trouve souvent sa source dans ce type de décisions centralisatrices, perçues comme une négation des cultures locales et de leur droit à exister.
Vers un État fédéral européen respectueux des identités régionales
Pour dépasser ces tensions et construire un modèle réellement inclusif, il est grand temps de penser l’avenir de la France et de l’Europe dans une perspective fédérale. Un État fédéral européen garantirait en effet la reconnaissance et la valorisation des identités régionales en tant que piliers culturels de la construction supra-nationale. Ce modèle pourrait renforcer la cohésion nationale en affirmant les « patries charnelles » comme des éléments essentiels de la vie démocratique et culturelle, intégrés dans une Europe unie forte de ses identités locales.
Un État fédéral européen permettrait non seulement de respecter et de protéger les identités régionales, mais aussi de contribuer à une Europe des peuples, riche de sa diversité culturelle. Il serait ainsi possible de mettre fin au dilemme entre jacobinisme centralisateur et indépendantisme régional, en permettant aux régions de participer activement à la fois à la vie nationale et à celle de l’Union Européenne – et d’un futur Etat Européen.
Qu’il s’agisse de la Bretagne, de l’Alsace, de l’Occitanie ou de la Savoie il est plus que jamais nécessaire de défendre les spécificités et symboles de région qui ont façonné le peuple de France depuis des siècles.