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Abul Hasan Kharaqani (963-1033) est l’une des figures les plus éminentes du soufisme iranien et un mystique dont l’influence résonne bien au-delà des frontières de la Perse ancienne. Né à Kharaqan, un village proche de Semnan en Iran, il est souvent associé à l’école du soufisme persan, et ses enseignements ont inspiré des générations de mystiques, dont le célèbre poète soufi Farid al-Din Attar et même Jalal al-Din Rumi. La mystique de Kharaqani, centrée sur l’expérience directe de la divinité, transcende les dogmes traditionnels et se consacre à un amour pur et inconditionnel de Dieu, un concept essentiel du soufisme persan.
L’Essence mystique des enseignements de Kharaqani
Au cœur des enseignements de Kharaqani se trouve une quête ardente de proximité avec Dieu, une relation qui transcende ainsi la simple pratique rituelle. Pour Kharaqani, l’objectif de la vie spirituelle est de s’élever à un état de pureté intérieure où l’ego est transcendé et où seule subsiste une conscience de l’unité divine. « Si tu Lui donnes ton inexister, Il te donnera Son Exister», disait-il en parlant d’Alah. Cet enseignement fondamental prône une annihilation du soi, un concept soufi appelé fana, où l’individu devient un canal transparent pour la lumière divine, sans entraves de l’ego ou des passions humaines.
Kharaqani croyait fermement que la divinité résidait en chaque être humain et que tout acte de bienveillance accompli avec Foi envers autrui était un acte d’amour envers Dieu. La Dévotion envers Dieu et le service envers les hommes sont indéniablement deux piliers de la mystique soufi de Kharaqani. A ses disciples qui, sur le chemin de la Mecque, risquaient d’être attaqués par des brigands, il recommandait d’invoquer non pas Allah….mais lui-même, Abul Hasan Kharaqani. La raison en était simple : invoquer Dieu sans une foi réelle est inutile, c’est pourquoi le maître soufi offrait à ses disciples le plus grand service qui soit, celui qui consiste à intercéder auprès d’Allah pour leur bénéfice.
Une approche spirituelle à la fois « conservatrice et révolutionnaire »
Evidemment fidèle à la foi islamique, au Tawhid professé par le Coran et son messager Mohamed, Kharaqani se positionne par la même dans une perspective conservatrice. « Je ne suis ni un dévot ni un ascète, ni un savant ni un soufi. Mon Dieu est unique, et de par Ton Unicité, je suis unique ».
Une qualité qui fait de lui une personnalité mystique encore respectée dans l’Iran contemporain, pourtant réputé pour ses politiques tournées vers l’orthodoxie shiite.
Abul Hasan Kharaqani a cependant souvent exprimé des idées révolutionnaires, rompant avec certaines traditions pour centrer la spiritualité sur l’expérience personnelle directe de Dieu. Plutôt que de se soumettre uniquement à des textes religieux, il encourageait une relation intime avec le divin, sans médiateurs, rejetant les formes d’autorité religieuse qui éloignaient l’individu de Dieu. Il soulignait que l’expérience mystique était avant tout personnelle, intérieure et fondée sur l’amour divin.
Cette quête de Dieu à travers le cœur et non les dogmes religieux est devenue l’une des pierres angulaires de son influence sur le soufisme.
Pour Kharaqani, les doctrines ne devaient pas restreindre l’amour et la quête de vérité, chacun pouvant atteindre le Divin à travers une vie d’humilité, de service et d’amour pur. Cependant pour le soufisme, le parcours initiatique est bien plus aride et parcouru de vents spirituels puissants : pour Kharaqani, « le soufi est un corps mort, un cœur ravi une âme brulée »
Un modèle d’élan Divin et de liberté
Kharaqani incarnait l’amour inconditionnel et la tolérance, même envers ceux qui ne partageaient pas sa foi. Tout comme de grands maîtres Naqshbandi, Il considérait les différences religieuses, culturelles ou sociales comme insignifiantes face à la grandeur de l’amour divin. Le soufisme ainsi défini s’oppose donc naturellement aux divisions sectaires, prônant une compassion qui transcende l’appartenance religieuse au profit de la vie mystique.
Le message de Kharaqani continue d’inspirer les soufis contemporains et reste un modèle intemporel d’humanité et d’ouverture d’esprit. En transcendant les distinctions extérieures pour atteindre un amour et un désir du Divin inconditionnels, il démontre que le soufisme persan est bien plus qu’une tradition religieuse : il offre aux hommes une voie initiatique et mystique libre de tous conditionnements.
La foi d’Abul Hasan Kharaqani vit encore aujourd’hui à travers des voies et lignées mystiques bien vivantes : il appartient à tout individu en quête d’Absolu de les rechercher…
