Victoire de Donald Trump, une opportunité pour les États-Unis et l’Europe
La victoire de Donald Trump à l’élection américaine pourrait constituer un tournant dans l’histoire politique contemporaine, offrant des perspectives nouvelles pour les États-Unis tout en incitant l’Europe à réfléchir sur son propre avenir et à sa souveraineté. Au-delà des controverses, son élection est vue par une partie des Américains comme un espoir de changement profond dans les domaines de la sécurité, de la protection des libertés individuelles, de l’immigration, de l’emploi et de l’éducation. En politique internationale, la posture de Donald Trump pourrait de plus ouvrir de nouvelles pistes pour résoudre le conflit en Ukraine tout en soulignant la dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis en matière de défense et d’économie.
Un retour à l’ordre et à la sécurité aux États-Unis
Pour une large part de l’électorat américain, la victoire de Donald Trump représente une promesse de rétablissement de l’ordre. Depuis plusieurs années, les États-Unis font face à des défis de sécurité intérieure, avec une montée de la violence dans plusieurs grandes villes, notamment sous l’impulsion de mouvements communautaires (BLM) ou des bandes ethniques. Donald Trump promet d’y répondre fermement, en renforçant les forces de l’ordre et en adoptant une politique de tolérance zéro à l’égard de la criminalité.
Cette promesse s’inscrit dans sa volonté plus large de redonner aux citoyens américains un sentiment de sécurité perdu sous la présidence de Biden, en réduisant les violences de rue et en s’assurant que les lois sont appliquées efficacement.
De plus, la lutte contre l’immigration de masse est un sujet central de son programme, pour lequel il avait déjà pris des mesures lors de son premier mandat, en renforçant les contrôles frontaliers et en construisant une partie du mur à la frontière sud. Rappelant depuis 2016 que l’immigration incontrôlée est un facteur de tension sociale et économique, Trump promet de poursuivre une politique stricte pour limiter les arrivées massives et protéger le marché du travail américain.
Donald Trump : défense des libertés individuelles et lutte contre la propagande woke
Donald Trump se présente comme le défenseur des libertés individuelles et promet de contrer la montée de l’idéologie woke, qui, de plus en plus agressive et présente dans les médias, porte atteinte à liberté de pensée et d’expression. Depuis l’élection de Joe Biden, les débats autour des questions de genre, de race et d’identité se sont intensifiés aux États-Unis, notamment dans les écoles et les universités.
Sous la pression du lobby LGBT, les questions de genre ou d’orientation sexuelle ne relèvent plus de la vie personnelle et privée des citoyens, mais constituent un véritable agenda politique destiné à saper les normes sociales, familiales et civilisationnelles.
Donald Trump entend stopper cette tendance, qu’il dénonce pour ce qu’elle est : une forme de propagande d’extrême gauche qui détourne le système éducatif de ses missions premières, et perturbe le développement psychique des nouvelles générations d’américains.
Il s’engage également à protéger la liberté d’expression, particulièrement face à la censure qui a parfois touché des voix conservatrices dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pour une partie des Américains, cette promesse de rétablir un débat équilibré est essentielle, les divisions accentuées par les démocrates et la nébuleuse gauchiste américaine ayant contribué à créer un climat de suspicion et de rejet entre différents groupes sociaux.
Relance de l’entrepreneuriat et protection de l’emploi américain
Sur le plan économique, Donald Trump souhaite insuffler un nouvel élan à l’entrepreneuriat et à la création d’emplois en adoptant une politique protectionniste favorable aux entreprises américaines. Il entend réduire les impôts pour les entrepreneurs, alléger les charges réglementaires et inciter à la relocalisation des industries, notamment dans les secteurs de pointe tels que la technologie et l’industrie manufacturière.
Cette vision économique, axée sur le protectionnisme, implique également un renforcement des frontières douanières. Cette mesure vise à contrer la concurrence étrangère, notamment chinoise, et à protéger les entreprises locales, une initiative qui pourrait inciter l’Europe à revoir ses propres pratiques commerciales.
L’Union européenne, qui s’est souvent positionnée comme un champion du libre-échange débridé et du mondialisme, devra peut-être repenser son modèle pour mieux protéger ses filières d’excellence et éviter de devenir une proie face aux géants que sont la Chine et les Etats-Unis
Une opportunité pour résoudre le conflit en Ukraine
Contrairement à ses prédécesseurs, Donald Trump est le seul président américain de l’ère moderne à n’avoir pas initié de guerre au cours de son mandat. Il promet d’aborder le conflit en Ukraine avec une politique de négociation, estimant qu’il est possible de parvenir à une solution diplomatique qui éviterait une escalade militaire mondiale.
Une alternative diplomatique à la stratégie d’aide militaire massive suivie jusqu’à présent par la gauche américaine et l’Union Européenne.
Cependant, les dommages causés par ce conflit sont déjà profonds. Les relations entre l’Europe et la Russie se sont dégradées, la coopération énergétique étant gravement affectée par la destruction des gazoducs Nord Stream. Cette rupture a non seulement privé l’Europe d’une source d’énergie stable, mais elle a aussi accru sa dépendance énergétique vis-à-vis d’Etats tiers parfois hostiles à la France et à l’UE – Algérie notamment.
L’arrivée de Trump au pouvoir est l’occasion pour les européens de repenser les relations avec Moscou dans une perspective de rapprochement, ce afin que l’UE comme la Russie puisse faire face aux ambitions politiques, économiques et commerciales de Washington et Pékin
Redéfinir la défense européenne : un appel à l’autonomie
L’élection de Donald Trump est également un signal pour l’Europe, notamment en matière de défense. À plusieurs reprises, le président américain a exprimé sa réticence à soutenir les pays membres de l’OTAN qui ne respectent pas leurs engagements financiers, soulignant ainsi la dépendance de l’Europe envers la protection américaine.
Ce positionnement somme toute assez logique de la part de la président américaine est un rappel à destination de l’Europe : comme son nom l’indique, l’OTAN est une organisation atlantiste qui profite avant aux stratégies militaires américaines.
Ce retrait potentiel de l’Amérique pourrait ainsi offrir à l’Europe une opportunité inédite de construire une véritable armée continentale afin non seulement de ne plus dépendre des Etats-Unis sur le plan militaire, mais également de retrouver une souveraineté politique et stratégique. Les intérêts de l’Europe ne sont pas ceux des Etats-Unis, et la géopolitique européenne doit être entièrement redéfinie afin de répondre aux intérêts du vieux continent et de sa population.
L’idée d’une défense européenne n’est pas nouvelle : la création de l’Union Européenne Occidentale répondait à une réalité selon laquelle une puissance ne peut s’imposer sur la scène internationale sans une véritable armée. L’organisation fut cependant dissoute en 2011 pour des raisons avant tout idéologiques, la gouvernance européenne donnant depuis fort longtemps la primauté à l’OTAN.
L’élection de Donald Trump pourrait ainsi devenir le catalyseur d’un nouveau projet de défense commun, à condition que les dirigeants de l’UE et ceux des Etats membres comprennent que la puissance et la pérennité de l’Europe ne passent pas seulement par l’économie de marché…
Donald Trump et le potentiel retour d’un réalisme économique en Europe
Un protectionnisme affirmé
L’accès de Donald Trump à la présidence américaine portera également un coup dur aux dogmes mondialistes, notamment à celui du libre-échange come horizon ultime. Si depuis des décennies les élites politiques et financières adeptes du « marché mondial » oeuvrent en faveur d’un monde sans barrières tarifaires – avec un succès incontestable – la politique protectionniste prônée par Donald Trump rappelle l’importance d’un réalisme économique fondé sur la protection des marchés nationaux.
Dans la continuité d’un protectionnisme amorcé dès sa première magistrature (comme l’avait démontré la « guerre de l’acier ») Donald Trump entend résolument préserver le tissu industriel et l’économie américaine, notamment en taxant les produits étrangers – européens y compris.
Quoi que puissent en penser l’OMC et les néo-libéraux, l’économie est en 2024 un champ de bataille sur lequel les Etats entendent s’imposer. Aux Etats-Unis comme en Inde ou en Chine, les gouvernements en place ne se soucient donc que très peu des mythes de la « paix par le marché » ou du libre-échange absolu : le pragmatisme guide une véritable volonté de domination sur le plan économique, notamment grâce aux leviers technologiques et industriels.
Inspirer un patriotisme économique européen
L’Union européenne n’a plus d’autre choix que d’accepter la réalité, et d’adopter un patriotisme économique à même de sauver ses Etats membres. L’élection d’un Donald Trump qui affiche clairement sa volonté de promouvoir la production américaine tout en limitant la pénétration de produits étrangers doit se traduire en Europe par la mise en place de nouvelles stratégies commerciales et industrielles.
Pour que les entreprises européennes restent compétitives face aux grandes puissances économiques telles que les États-Unis et la Chine, le retour des barrières tarifaires – et non tarifaires – est inéluctable. Ces mécanismes doivent accompagner une volonté politique de « produire et consommer européen », et de rayonner à nouveau dans les filières d’avenir et les secteurs clés.
Un patriotisme économique qui ne prendra tout son sens qu’avec un rapprochement entre la Russie et l’Union Européenne, et la transformation de celle-ci en un véritable Etat à haute capacité, à même de prendre les décisions qui s’imposent dans le domaine économique.
Donald Trump, un tournant dans les relations internationales
La victoire de Donald Trump offre ainsi aux États-Unis une occasion de recentrer leur politique intérieure et internationale, mais elle envoie aussi un signal fort à l’Europe. Elle incite le vieux continent à repenser sa défense, son économie et sa diplomatie pour gagner en autonomie face à un allié américain moins prévisible.
Ne nous y trompons pas, Donald Trump défendra coûte que coûte les intérêts américains, sans considération pour les idéaux néo-libéraux chers à l’Union Européenne depuis trop longtemps.
Face aux défis mondiaux, il temps pour l’Europe d’adopter une posture plus indépendante et résolument tournée vers la protection de ses intérêts économiques et géopolitiques.